VIOMUNDO
23 novembre 2016
PLAINTES DEVANT LA COUR SUPREME
Les juges de la Cour suprême et l'interdiction de l'amiante au Brésil : Menezes et Cardozo défendent la vie, Mendes défend la fibre tueuse et son industrie
Le procès a été arrêté sur la demande du ministre Dias Toffoli. On ne sait pas à ce jour quand la question reviendra à l'ordre du jour de la Cour suprême.
Conceição Lemes
Actuellement, l'utilisation de l'amiante, matériau cancérogène, est interdite dans sept États et des dizaines de municipalités (dont São Paulo, État et capitale).
Ce mercredi 23 Novembre le lobby de l'amiante, dirigé et financé par Eternit, va essayer d'obtenir de la Cour suprême (STF) décide que les lois de São Paulo (n ° 12684/2007) et São Paulo (n ° 13113/2001) sont inconstitutionnelles.
Devant la Cour suprême, deux camps s'opposent :
- d'un côté les proches du lobby de l'amiante qui veulent en finir avec ces lois
- de l'autre, ceux qui veulent le maintien de l'interdiction non seulement à São Paulo, mais aussi dans d'autres États et municipalités qui ont interdit l'utilisation de la fibre tueuser.
Les avocats Mauro Menezes représentant l'Association brésilienne de l'exposé à l'amiante (Abrea), et José Eduardo Cardozo, la ville de São Paulo défendent l'interdiction de l'amiante - donc la vie.
Le Ministre Gilmar Mendes défend la position des industriels de la fibre tueuse.
ETERNIT FINANCE LA CARAVANE DU LOBBY DE L'AMIANTE
Sama Mining Company, le Groupe Eternit, a soutenu financièrement le voyage jusqu'à la Cour suprême d'une caravane venue des mines de Minaçu, dans l'Etat de Goiás.
A Minaçu se trouve la seule mine d'amiante en cours d'exploitation au Brésil.
Depuis la semaine dernière un appel a circulé dans cette ville :
"Si quelqu'un est intéressé à venir [au procès] appeler M. Adelmam, Union des SAMA, en (3379 1127) ou téléphonez au 82138808. Le voyage est gratuit.
La caravane a quitté Minaçu mercredi (23/11/2016) vers 4 heures, après le petit déjeuner dans le restaurant SAMA.
Le groupe de déjeuner dans la municipalité de Padre Bernardo autour de 10 h.
La prévision était d'arriver à Brasilia à midi.
Dans l'après-midi, une collation assurée par Sama sera livrée à la Cour suprême.
Sont également prévus un voyage de retour à Minaçu ce mercredi et un dîner gratuits pour tous.
Les organisateurs ont demandé aux membres de la caravane pour apporter un chapeau et un parapluie.
UNITE DES CENTRALES SYNDICALES CONTRE LA REMISE EN CAUSE DES LOIS D'INTERDICTION
La bataille pour interdire l'amiante a réalisé un exploit sans précédent ces dernières années : toutes les organisations syndicales brésiliennes ainsi que le département intersyndical des Etudes sur la Santé et les conditions de travail ont ont lancé ensemble un appel à l'interdiction de l'amiante . (CTB, CUT, FS, UGT, DIESAT, CONTRACS)
Elles soulignent "les risques sanitaires que représente l'exposition à l'amiante pour les ouvriers et la population, en raison des activités d'extraction, de fabrication, de commercialisation et de transport de ce matériau cancérogène"
Elles rappellent que "l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime à 125 000 millions le nombre de travailleurs exposés à l'amiante dans leurs locaux de travail dans le monde. Et à plus de 107 millions le nombre annuel de décès de travailleurs suite à une maladie liée à l'amiante".
Elles demandent à la Commission fédérale de l'environnement de "bannir l'amiante sous toutes ses formes".
"Il serait inconcevable qu'après 69 pays, 7 états et des dizaines de municipalités brésiliennes qui ont interdit l'amiante cancérogène, responsable de la "catastrophe sanitaire du XXè siècle", la Cour suprème (STF) puisse déclarer le 23 novembre 2016, que les interdictions prononcées par les Etats de Pernambuco, Rio Grande do Sul et Sao Paulo (l'Etat et la ville) soient déclarées inconstitutionnelles.
Défendons la Santé ! Pas de retour en arrière !"
Les signataires demandent à la Cour suprême de maintenir les lois d'interdiction.
APPEL DE SOUTIEN AU MOUVEMENT POUR L'INTERDICTION DE L'AMIANTE AU BRESIL
Ceux qui mènent ce combat peuvent compter sur le soutien international des association de défense des victimes de l'amiante et des familles d'Italie, en Belgique et de France (voir la déclaration ci-dessous):
Les associations :
AFeVA-Associazione Familiari Vittime Amianto (Italia)
ANDEVA-Association Nationale de Défense des Victimes de l'Amiante (France)
ABEVA-Association Belge des Victimes de l'Amiante (Belgique)
expriment leur soutien au mouvement pour l'interdiction de l'amiante au Brésil et manifestent leur solidarité et leur appui à l'ABREA, l'association brésilienne des personnes exposées à l'amiante, avec loaquelle nous partageons, depuis plus de 20 ans, une lutte citoyenne pour l'interdiction de l'utilisation de l'amiante, dont les poussières cancérogènes, lorsqu'elles sont respirées, peuvent causer des maladies mortelles.
Le 23 novembre 2016, le tribunal suprème fédéral discutera de la procédure engagée pour inconstitutionnalité engagée par la Confédération nationale des travailleurs de l'Industrie (CNTI) contre les lois promulguées par les Etats du Pernambuco, Rio Grande do Sul e Sao Paulo interdisant le travail de l'amiante dans leurs territoires.
Sera également examinée l'action pour non conformité au principe fondamental d'une loi (ADPF) engagée par la CNTI contre la loi promulguée par la municipalité de Sao Paulo, qui concerne la même question.
Nous sommes convaincus qu'on ne peut rouvrir une telle question en ignorant l'impact environnemental et social du travail de l'amiante, en terme de pollution, de morts, de maladie et d'incalculables souffrances personnes qui frappent les travailleurs et les habitants exposés et contaminés. Nous sommes confiants dans la décision que prendront les magistrats de cette suprême juridiction et nous nous mobilisons aux côtés de l'ABREA et du mouvement brésilien pour un monde sans amiante.
PRECISION SUR LA QUESTION DU CHÔMAGE
Le débat revient une nouvelle fois sur la question du chômage causé par l'interdiction de l'utilisation de l'amiante.
Que personne ne se trompe, voici les chiffres.
Actuellement, les emplois SAMA [Eternit] - directs et indirects - ne dépassent pas les 700 emplois.
Mais si la loi qui interdit l'amiante à São Paulo (capitale et de l'Etat) est abrogée par la Cour suprême, 13 725 emplois sont menacés dans les entreprises qui ont respecté la loi et a changé de technologie ou de matériaux exempts d'amiante.